Introduction à la Campagne de Venzia

Piégés! Exécution Une terrible sélection

Tags : #jdr #campagne #altosequanais #venzia #mazerats

Piégés!

Loin du faste architectural de la citta di pelegrini, les geôles des attrezzatura effimeri sont très peu engageantes. La pierre noire et grossièrement taillée n'en est pas moins épaisse, mais elle semble absorber le peu de lumière autour de vous. Elle suinte continuellement d'une humidité qui imprègne fortement l'air ambiant et rend l'air chaud presque irrespirable pour vos poumons. Comment les moisissures et champignons parviennent encore à se développer sur la roche nue reste un mystère, mais il est plus que probable que c'est sur votre peau ou dans vos poumons qu'ils se développeraient si vous étiez destinés à rester ici un certain temps. Fort heureusement, ou malheureusement selon le point de vue, les personnes comme vos voisins de cachot dans le couloir de la mort y restent rarement assez longtemps.

Car oui, que vos crimes soient réels ou un coup de monté d'un de vos rivaux sans scrupules, que le destin vous ait forcé la main ou que vous ayez mécontenté la mauvaise personne, vous avez été condamné à mort par le Tribunal Suprême et la sentence ne saurait tarder. Les recours ne sont que théoriques pour qui n'a pas les bons appuis et vous n'en espérez aucun. Entassés comme des sacs de viande, vous voyez bien que les gardes ne vous considèrent déjà plus que comme des cadavres. L'eau et la nourriture sont précieuses ici et il est bien rare que les maigres vivres des geôles atteignent les condamnés. Pourquoi gaspiller? Vous devriez leur en vouloir, vous révolter contre leur fatalisme qui vient faire écho au vôtre, mais vous imaginez facilement que la réalité leur donne rarement tort. Ils ne se moquent pas et ne vous tourmentent pas. A leurs yeux vous n'êtes déjà plus rien.

Le jour va surement bientôt se lever, les exécutions se font toujours à l'aube. Sans ménagement ni compassion, des gardes vous font vous lever et vous alignent devant un gradé. Certains sont déjà partis hier et vous vous doutez qu'aujourd'hui aussi verra son lot de disparus. Vous savez que vous devriez avoir vos tripes qui se nouent tandis que la peur s'infiltre dans votre coeur, mais le suspens de ce choix est le seul frisson et la seule distraction qu'il vous reste dans ce monde d'obscurité et d'humidité. D'autant plus que la procédure semble inhabituelle aujourd'hui. Même dans la pénombre, vous pouvez voir que la lanterne de leur supérieur est finement ouvragée, un luxe rarement dans les moyens des geôliers. Sa flamme danse étrangement et vous captive d'autant plus que pas un seul souffle d'air putride ne peut la justifier. Un garde passe parmi vous et, un à un, son couteau incise votre bras pour y prélever machinalement quelques goutte de votre sang. Les perles écarlates sont alors jetées sans attendre dans la lanterne. Invariablement, la flamme jaune-orangée prend alors une teinte rougeâtre. Vient alors votre tour et la routine se brise. Par une étrange sorcellerie, la flamme se teinte un instant d'un vif bleu cobalt. Vous pensiez avoir eu une brève hallucination liée à votre séjour dans l'obscurité mais le même phénomène se répète pour plusieurs compagnons de cellule. Ceux dont la flamme a rougeoyé sont ensuite emmenés. Vous ne les reverrez jamais plus.

Exécution

Une autre journée se passe, votre seul repère temporel étant le rythme des exécutions. Vous savez que votre tour arrive, vous êtes les derniers de cette cellule. La mort dans l'âme, vous êtes conduits à l'échafaud et installés inconfortablement. Ce n'est pas vraiment comme cela que vous rêviez qu'on vous passe la corde au cou. Ces rêves impliquaient davantage de charmantes demoiselles et moins de gardes. Un roulement de tambour se fait entendre à la fin duquel le bourreau tire un levier, libérant une trappe sous vos pieds. Vous chutez... au sol?!? Quelqu'un avait vraisemblablement oublié d'attacher solidement la corde. Est-ce là une plaisanterie morbide? Vous vous attendez presque avec un dernier espoir que quelqu'un ait essayé de vous faire évader mais rien ne se passe, rien d'autre que la voix d'un des gardes.

“Vous êtes morts! ... Et demain vous mourrez encore. Cette fois ci pour de bon. Mais aujourd'hui je vous offre un choix. Mourir pour vos crimes ou mourir pour Venzia. Je ne vous offre pas de vivre, je ne vous offre aucun pardon. Que ce soit aujourd'hui, demain ou un autre jour vous finirez par mourir pour ne plus vous relever. Ce que je vous offre c'est une opportunité, l'opportunité de faire quelque chose de vos misérables existences. Quelque chose d'utile. D'oeuvrer pour cette ville et ses habitants. Vous n'aurez ni richesses, ni gloire, ni renommée pour ce que vous serez amenés à faire. Vous seuls aurez conscience de ce que cette ville vous devra, vous et quelques personnes importantes. Et peut être qu'un jour vous mourez avec un honneur lavé des tâches sombres de votre passé. Ce sursis ne vient pas sans risques, sans prix ou sans serment. Faillissez à l'un d'eux et vous tomberez dans la douleur et l'humiliation. Choisissez vite mais choisissez bien. Car si vous n'êtes pas pleinement sincères, votre fin sera plus cruelle qu'une simple pendaison. Croyez-moi, vous n'êtes pas les premiers à être passés par là.”

Vous cherchez le piège, mais ne parvenez pas à trouver un quelconque intérêt à piéger quelqu'un que l'on est sur le point de mettre à mort. Après la plus longue minute que vous ayez connu, un premier condamné brise le silence pour se porter volontaire, trop content d'échapper de justesse à l'étreinte de la dernière des amantes. Craignant d'en perdre l'occasion, les autres codétenus se manifestent prestement à sa suite. Vous faîtes de même avant de laisser passer votre chance, songeant que les regrets qui trottaient dans votre tête ces derniers jours pourraient trouver une conclusion bien différente avec ce revirement.

Une terrible sélection

Stricto sensus, l'officier ne vous avez pas promis grand chose. Mais les espoirs de tous avaient laissé entrevoir une certaine douceur de vivre... qui ne fut pas au rendez-vous. Se déclarer volontaire ou prêter serment n'était visiblement pas suffisant pour garantir sa place, sa survie. Les jours qui suivirent furent le théâtre d'une improbable compétition pour désigner les plus aptes, sans que les critères de sélection ne vous soient communiqués. Certes, on pouvait aisément se douter que les expertises de chacun et leurs performances opérationnelles faisaient partie du jugement. Pourtant, plus important, les compétitions, les exercices, les tromperies et les mises en situation visaient également à sonder les valeurs profondes des survivants. On ne revoyait pas le lendemain ceux qui manifestait une réaction égoïste à un moment clé.

Lorsque les tests prirent fin, personne n'osa y croire. Fébrilement, aux aguets, tous prononcèrent le serment sans poser de question. Aucun ne broncha quand la marque en forme d'hippogriffe s'imprégna dans leur chair. Une seule chose importait, ils s'en étaient sortis. C'était la fin du cauchemar. Et le début d'une nouvelle aventure, d'une nouvelle identité, d'une nouvelle vie.