Horrifique : Whisky de tradition

Notes

Personnages

Contexte

L'histoire se tient à Aberdine, une petite ville d'Ecosse, le 17 mai 1869. Henri, Earl et Alice sont présents depuis plusieurs jours, profitant de journées oisives pour faire une tournée de leurs whisky préférés. Si le scotch Mac Allistair, connu seulement des amateurs éclairés, n'est pas leur préféré, il figure certainement dans les trois premiers. Le Pr Wright a même travaillé à leur côté pour améliorer le processus de distillation et de maturation. Mais la distillerie a malheureusement brûlé suite à un acte malveillant et la ville est en émoi. Les survivants sont cliniquement hors de danger mais sont inconscients depuis deux jours déjà. Le Dr Bennet procède à l'autopsie des cadavres de ceux qui ont succombés (Deux homme et un chien, une femme n'a pas encore été examinée.) et trois travailleurs manquent encore à l'appel. Oui mais voilà, les deux hommes et le chien qu'il a ausculté à la demande de la police locale ont mystérieusement disparus d'une salle fermée de l'hospice, non forcée et dont lui seul avait la clé.

Histoire

L'histoire commence avec Henri et Earl attablé autour d'un verre de whisky local dans la salle d'examen. Henri fait part de son malaise d'avoir “perdu” les corps qu'il était sensé examiner pour le compte de l'inspecteur en chef de la ville. Il lui reste pourtant un corps de femme à examiner, ce qu'il fait rapidement, son examen ne laissant aucun doute, brûlures et intoxication par les fumées. Ils sont interrompus par l'infirmière Marple qui leur apporte un nouveau corps d'homme trouvé dans les décombres de la distillerie. Commençant l'examen, il est pris de vertiges alors qu'il découvre en plus des marques habituelles une incision chirurgicale en forme de croix sur la carotide dont l’hémorragie serait cause première de la mort. A sa connaissance, il est le seul dans cette petite ville à avoir le matériel et la connaissance pour pratiquer une telle entaille aussi précisément et proprement. Perturbé, il décide de descendre les corps à la salle fermée servant de morgue avec Earl avant de terminer son dernier rapport. Mais en descendant le corps de la jeune femme examinée un peu plus tôt, le Pr Wright remarque cette croix sanglante sur sa gorge et en fait part à son ami. Interloqué, ce dernier vérifie ces dires et décident de refaire l'examen. Formel, le corps de la jeune femme également a été victime d'hémorragie, les dommages de l'incendie ayant eu lieu majoritairement post-mortem. Certes, Henri corrige rapidement son rapport, mais cette révélation laisse planer le doute sur les examens précédents. Aurait-il pu rater quelque chose d'aussi évident avec la fatigue et la pression? Ils se remémorent les événements de la veille et des détails troublants reviennent à leur mémoire, insignifiants sur le moment mais prenant un autre sens maintenant. Un clochard brûlé lui demandant de se méfier des cadavres qui disparaissent quelques heures avant la disparition des premiers cadavres. L'absence de réaction de l'infirmière Marple à l'annonce de cette même disparition. Un sentiment de joie soudain ressentit par Earl alors qu'en parallèle les cadavres disparaissaient.

Deux jours plus tard, les deux corps descendus à la salle fermée disparaissent également malgré les précautions prises, amplifiant le malaise ambiant. Nos deux compères mangent et boivent à leur hôtel mais le whisky qu'on leur sert a le goût de bourbon. Dans l'interval, les deux personnes manquantes sont retrouvées, non dans les décombres de l'incendie mais sous un pont, flottant dans l'eau. L'inspecteur en chef demande cette fois à Henri de venir examiner les cadavres directement au poste de police. L'ambiance y est tendue. Avare de paroles, le responsable au regard inquisiteur et aux mimiques incongrues n'en laisse pas moins sous entendre une certaine forme d'incompétence. Ne se laissant pas démonter, le Dr Bennet procède à l'examen et découvre les même traces que sur les précédents cadavres. La croix, les brulûre, les fumées... Ce ne sont pas les corps gonflés d'eau qu'il s'attendait à voir. Pendant ce temps, Earl est assailli par un pressentiment tenace tandis qu'il voit les doigts du cadavre être animés de soubresauts au fil de l'examen, au même rythme que ceux de l'infirmière Marple. Le Dr Bennet ressent une brûlure sur on bras et voit une marque rouge en forme de croix brièvement apparaître. A voir le Dr Bennet aussi décontenancé, un sourire se forme sur le visage de l'inspecteur en chef, ainsi que sur la gueule du chien qui vient de le rejoindre. Un chien brûlé par endroit et dont les caractéristiques et les brûlures sont strictement les même que le cadavre examiné quelques jours auparavant par Henri. N'en pouvant plus, le Dr Bennet explose et insulte copieusement le chef de la police locale qui ne se prive pas de répliquer sur le même ton. Alors que les adjoints qu'Earl essaye de s'interposer pour calmer le jeu, Henri se sent saisi par des bras brûlés et tombe à la renverse avec le cadavre qu'il était en train d'ausculter sous l'air méprisant de l'inspecteur en chef.

C'est trop pour les deux hommes qui sortent précipitamment du bâtiment. Earl boit à sa flasque pour se requinquer mais elle a un goût de bourbon. Il jette l’opprobre sur Alice qu'il accuse d'avoir substitué le contenu avant de partir d'un pas ferme. Le Dr Bennet va se réfugier à l'hospice où il console Alice qui accumule les reproches injustifiés de la part d'Earl. Allant marcher avec elle, il lui conte en retour ses doutes et ses malheurs pour soulager son esprit tourmenter. Toutefois, sur le chemin, il croit apercevoir des silhouettes de chien et des citadins menaçants, ce qui ternit l'apaisement et le rapprochement entre lui et Alice. Il veut aller montrer à Alice son livre d'anatomie si spécial car il pense avoir vu des organes similaires sur les deux derniers cadavres examinés. Arrivé à sa chambre, le livre a disparu, tout comme les clés de la salle servant de morgue. Et lorsque il ressort, Alice reste également introuvable. Earl pendant ce temps, va boire un verre de whisky qui a encore le goût de bourbon. Sidéré, il en essaye plusieurs qui ont tous ce goût qui lui déplaît tant. Tous ces verres de spiritueux ne chassent pas pour autant les impressions étranges qui l'assaillent. Il se rapproche alors de l'infirmière Marple dont il découvre que son nom de jeune fille était Mac Allistair, le clan tenant encore la distillerie incendiée. Il la convaint de lui raconter l'histoire de cette famille de ce qui tourne autour de la distillerie. Celle ci lui révèle notamment que le goût si particulier de ce scotch vient d'une tradition ancestrale, notamment le fait de puiser l'eau loin dans les profondeurs de la terre et non d'utiliser l'eau de la rivière comme d'autres distilleries. Elle même a été écartée de la famille mais elle accuse ceux qui en sont à la tête d'avoir dévoyé les traditions familiales par appât du gain, négligeant les rites de protection qui accompagnaient la fabrication et industrialisant la production.

Plusieurs mois passent. Henri reprend sa vie d'avant mais Earl est obnubilé par ce goût de bourbon qu'il sent partout. Négligent ses cours et ayant perdu Alice, la nièce du directeur Jackson, il finit par perdre sa place. il se concentre alors ainsi que toutes se ressources restantes sur la reconstruction de la distillerie et, avec l'aide de l'infirmière Marple, la restauration de la recette traditionnelle du whisky MacAllistair. Couronnant des efforts acharnés, il parvient finalement à réaliser son objectif et reçoit une lettre de Henri demandant à être présent pour la première cuvée afin de renouer des liens rendus lâches par les non-dits. Henri pour sa part, reçoit dans le même temps une invitation d'Earl pour la première cuvée. Les deux amis se retrouvent dans une ambiance plus détendue, autour d'un verre de whisky qui, ô bonheur, a un vrai goût de whisky pour nos deux compères.

Mais le reste des travailleurs se met alors à genoux et psalmodie des paroles sur un ton monocorde. L'infirmière Marple indique alors qu'il manque une dernière étape pour finaliser la recette, une obole de sang. Les lumières s'éteignent et un certain chaos s'installe. Le Dr Bennet sent une fouleur à son côté et, là où une croix rouge était brièvement apparue quelques mois plus tôt, une hémorragie abondante se déclenche subitement. Des hurlements de chiens se font entendre et une voix fluette clairement reconnaissable se fait entendre, celle d'Alice. Elle les invite à rester ici avec elle indéfiniment, dans ce qui sera à présent leur demeure. Les deux amateurs de whisky tentent de fuir mais les molosses, à moitiés brûlés et infestés de vers à charogne qui sortent et entrent de leur corps putride, leur mordent les mollets pour les retenir et les traîner plus profondément dans la salle obscure. La topologie des lieux qu'ils découvrent à tâtons semblent avoir changé depuis que la lumière s'est éteinte, revenant à une organisation bien antérieure à leur arrivée. Alice ne semble pas comprendre pourquoi le Pr Wright cherche à s'éloigner d'elle, alors que tous deux sont morts depuis un mois déjà. Le Dr Bennet parvient à sortir par une trappe d'accès, découvrant les ruines en cendres de la distillerie telle qu'elle était avant rénovation et inondant brièvement les lieux de lumière et révélant ce que leurs tâtonnements laissaient supposer. Malheureusement, quelque chose l'attire et le fait chuter à nouveau vers le fond alors que la trappe se referme brutalement.

L'inspecteur en chef conclura l'affaire en ayant trouvé en Henri Bennet un tueur multi-récidiviste (en série) laissant derrière lui une marque à la croix rouge d'une précision chirurgicale comme trace de ses méfaits. Il aura tenté de cacher ses crimes en faisant disparaître les cadavres de ses victimes tout en s'assurant d'être chargé lui même de l'autopsie pour détourner l'attention de la police de sa piste. La presse lui réservera les honneurs d'un fin limier ayant mis fin à la liste sanglante d'un meurtrier dément.

Reconstruite à neuf, la distillerie utilisera l'intérêt éphémère de la presse au sujet de l'affaire et de la ville pour gagner en notoriété et étendre sa production et ses ventes bien au delà de sa région habituelle vers l'Europe et les Etats-unis. Une production respectant sur le papier la tradition mais avec une efficacité industrielle faisant fi des véritables traditions. Et petit à petit, certains racontent que les consommateurs assidus continuent désormais leurs activités bien après leur mort.